Un détour original diront les guides populaires. Un vrai décor de film diront les plus aventuriers, ceux qui auront fait le choix de vivre au rythme de cette ville hors du temps non loin du Parc national de Doñana inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO comme réserve de biosphère.
Ici pas de goudron. Des voitures, certes, mais qui se partagent la route avec les cavaliers, légions dans ce village où le temps sembles s'être arrêté à quelques siècles en arrière. Tandis que les journées brûlantes forcent la ville à s'endormir, à la tombée de la nuit et dès les prémices d'une fraicheur bienvenue, les caballeros sortent des maisons blanchies à la chaux pour déambuler sans bruit dans les rues tapissées de sable.
Bottes de cuir impeccables, chemises colorées et jean Levis sur ces silhouettes d'une élégance presque disparue, coiffées du sacramental chapeau. L'image est d'un romantisme à toute épreuve. Même les plus jeunes sont en selle, se rendant à leur soirée en cheval et peignant un étonnant anachronisme, un portable dans les mains. C'est une ruralité poétique qui se joue sous nos yeux. Entre traditions et modernité, vie agricole et pick-up remuant la poussière dans les larges rues.
Une Camargue à l'espagnole où les étendues immenses sont habitées de troupeaux d'andalous à la robe grise argentée et marqués sur la cuisse du signe traditionnel. Et au centre du village, la majestueuse église Notre-Dame d'El Rocío, berceau du pèlerinage le plus important d'Espagne. Chaque soir, des centaines de personnes viennent se perdre dans ce bout du monde, acheter leur "velas", de longues bougies qu'ils viennent déposer en famille dans la chapelle tandis que dansent les chevaux sur la place.